Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/210

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l’heure, tu m’as traité de vil esclave bon pour le fouet et le bâton !…

— Et je le répète, — dit Conrad, pâle de rage, — je le répète, vil truand !

— Tiens, voici pour cet outrage ! — répond Mahiet, souffletant le visage livide du sire de Nointel. — Ce soufflet est l’aiguillon que je t’ai promis… Serais-tu plus couard qu’un lièvre, la fureur maintenant te tiendra lieu de courage, — ajoute-t-il en faisant un bond en arrière pour se mettre en défense. Conrad de Nointel, exaspéré, s’élance l’épée haute sur l’Avocat, au moment où Gérard de Chaumontel, armé de son bâton, reculait prestement hors de portée de la fourche de Mazurec.

— Infâme larron ! — crie le vassal courant sus au chevalier en brandissant sa fourche, — j’étais plus brave que toi, quand je te combattais malgré ton armure de fer, ta lance et ton épée… Je me suis jeté sous les pieds de ton cheval et je t’ai pris corps à corps !…

— Mes Jacques, — dit Adam-le-Diable, voyant le chevalier de Chaumontel reculer à chaque pas de Mazurec, — croisons nos faux derrière ce chevalier de la couardise ; il tombera sur nos fers s’il veut échapper à la fourche de Mazurec.

Les Jacques suivent le conseil d’Adam ; et Gérard de Chaumontel, au moment où Mazurec se précipite sur lui sa fourche en arrêt, voit derrière lui s’élever un redoutable cercle de faux menaçantes.

— Lâches manants ! — s’écrie le chevalier, — vous abusez de votre force !

— Et toi, beau sire, — répond Adam-le-Diable en éclatant de rire, — n’abusais-tu pas de la tienne en combattant à cheval et armé de toutes pièces contre Mazurec demi-nu, n’ayant qu’un bâton pour se défendre ?

Pendant que ceci se passait, le sire de Nointel chargeait Mahiet avec impétuosité. Rendu très-dextre au maniement de l’épée par l’habitude des tournois, jeune, agile, vigoureux, il porte plusieurs coups très--