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— À mort les chaperons rouges et bleus !

Montjoie au roi et au duc !




Hélas ! fils de Joel, telle fut la mort d’Étienne Marcel, illustre génie à qui la Gaule devra peut-être un jour sa liberté, car il a semé les champs de l’avenir. Marcel l’a dit : il n’a fait que devancer les idées de son temps ; il a semé, la semence a été arrosée de son généreux sang, notre descendance récoltera ! Qu’elle honore pieusement d’âge en âge la mémoire immortelle de ce martyr de la liberté !

La haine des ennemis du prévôt des marchands le poursuivit outre-tombe ; son cadavre, porté au val des Écoliers, y demeura exposé aux insultes, aux railleries de la foule mobile et ingrate dont il avait voulu jusqu’à son dernier soupir l’affranchissement et le bonheur !… Le lendemain de sa mort, ses restes sanglants, mutilés, jetés sur une claie, furent traînés vers la Seine, en face le Louvre, et précipités dans le fleuve…

Telle a été la sépulture de ce grand citoyen !

Les principaux chefs du parti populaire, au nombre de soixante, et entre autres Simon-le-Paonnier, Consat, Pierre Caillart (n’oubliez pas ces noms sacrés, fils de Joel), furent suppliciés par ordre de Jean Maillart et du sire de Charny, devenus dictateurs. Ces exécutions accomplies, ils députèrent au régent : — Simon Maillart (frère de l’échevin), le chevalier Dessessarts et Jean Pastorel — (n’oubliez pas non plus le nom de ces traîtres), afin d’instruire le jeune prince que, vengé de ses ennemis, il pouvait désormais rentrer dans sa bonne ville de Paris, soumise et repentante. Le régent répondit que : — « Ce ferait-il volontiers, — (selon une chronique lue par Mahiet, qui écrit ceci). — Et le régent departit du pont de Charenton, accompagné d’une nombreuse chevalerie, descendit au Louvre. Là il trouva Jean Maillart, qui grandement était en sa grâce et son amour…