Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/304

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lorsque, par accident, le symptôme essentiel de la puberté n’apparaît pas, cette perturbation engendre de grands désordres dans leur santé : elles deviennent sujettes à des affections telles que l’hystérie, l’hallucination. Or, quels sont les caractères particuliers de l’hallucination ?

Écoutons un illustre savant étranger, dont les récents travaux semblent être, pour ce siècle du moins, le dernier mot de la science :

« Les hallucinations sont les perceptions de sensations qui dépendent des causes internes, sans objet excitateur extérieur, et qui portent le caractère de l’énergie propre à chaque sens spécial. La personne atteinte d’hallucinations croit à leur réalité, parce qu’elles ont lieu dans les sens et se produisent avec la réalité des phénomènes sensoriels (p 546). Voici quelques-uns de ces phénomènes :

» Immédiatement avant de s’endormir, pendant la veille et dans l’état intermédiaire entre la veille et le sommeil, qui ne se rappelle ces images fortement dessinées qui flottent devant les yeux avant que l’on s’endorme ? la clarté qui alors apparaît dans ces organes, quoiqu’ils soient fermés ? les apparitions et les métamorphoses si souvent brusques de ces images ? les sons que l’on entend tout à coup, sans nulle cause extérieure, comme si quelqu’un nous parlait à haute voix à l’oreille ? (Voir l’exposition détaillée de ces états dans Moritz et Pokel, liv. II, p. 38 ; — Nasse, Anthropologie, t. III, p. 166 ; — Mueller, p 20.)

» Ces phénomènes ont aussi lieu chez les personnes complétement éveillées. Aristote avait déjà fait cette remarque (Traité des Songes, chap. III) ; Spinosa aussi (Œuvres posthumes, epist. XXX) ; Grinthuisen également. J’ai été, autrefois, fort sujet moi-même à ce phénomène, pour lequel j’éprouve aujourd’hui moins de disposition. J’ai l’habitude, lors de ces visions, d’ouvrir les yeux sur-le-champ, de les diriger vers la muraille, où les images persistent encore quelque temps, puis elles s’effacent.

» D’après les informations que je prends auprès de mes élèves, j’ai acquis la conviction que, proportion gardée, il en est peu qui connaissent ce phénomène de vision ; un ou deux sur des centaines.

» Les maladies dans lesquelles on observe fréquemment des visions sont la fièvre, l’irritation du cerveau, etc., etc. Une simple excitation cérébrale sans délire peut causer des fantômes qu’aperçoivent ceux que l’on appelle visionnaires.

» Le visionnaire cité par Bonnet était un personnage considéré, jouissant d’une santé parfaite, d’un bon jugement, d’une mémoire excellente, et, quoique éveillé, il ne recevait aucune impression du dehors ; il apercevait de temps en temps des figures d’hommes, d’oiseaux. Ces visions faisaient sur lui une impression aussi vive