adversaires, de même que nous tâchons d’abattre des quilles pour gagner l’enjeu lorsque nous faisons une partie de mail dans notre Val-des-Écoliers ; mais, s’agit-il de risquer sa peau à la guerre sans autre gain que des horions, la noblesse fuit honteusement comme elle a fui dernièrement à la bataille de Poitiers, donnant l’exemple d’une lâche déroute à une armée de quarante mille hommes qui ont tourné les talons devant huit mille archers anglais ! Ventre du pape ! vous appelez cela des hommes ! moi je dis que ce sont des lièvres ! et lièvres de la plus couarde espèce !
— Allons, messire écolier, — reprit en riant un autre citadin, — ne médisons point de la noblesse. Ne nous a-t-elle pas débarrassés du roi Jean en le laissant prisonnier des Anglais ?
— Oui, — dit une voix, — mais il nous faudra payer la rançon royale et, en attendant, être gouvernés par le régent, un marmot de vingt ans à peine, qui fait pendre les gens lorsque, comme ce pauvre Perrin Macé, ils réclament l’argent que leur doit le trésor royal et rendent coup pour coup lorsqu’on les frappe.
— Grâce à Dieu, l’ami Marcel mettra bientôt ordre à tout cela… Patience… patience !
— Oh ! Marcel… c’est la providence de Paris !
— Vous n’avez, en vérité, mes compères, que le nom de Marcel à la bouche, — reprit l’homme au chaperon fourré, avec une aigreur sournoise ; — parce que maître Marcel est prévôt des marchands et président de l’échevinage, il n’est pas « Jean-fait-tout ; » les autres échevins le valent en prud’hommie, et, sans aller plus loin, maître Jean Maillart…
— Qui ose dire ici que quelqu’un peut être comparé au grand Marcel ? — s’écria Rufin-Brise-Pot. — Par Jupiter ! celui qui dit cette sottise parle comme un oison !
— Hum ! hum ! — reprit en grommelant l’homme au chaperon fourré, — c’est moi qui dis cela.
— Alors c’est vous qui parlez comme un oison ! — reprit Brise--