CHAPITRE XXI.
Plus d’une année s’était écoulée depuis la mort de Basquine et de Bamboche.
Le mois d’octobre touchait à sa fin.
Un voyageur qui eût, environ quinze mois auparavant, parcouru cette partie de la Sologne où s’est passée l’exposition de ce récit, et qui, à l’époque où nous sommes arrivés, aurait traversé cette même contrée, se serait demandé par quel prodige il la voyait, pour ainsi dire, complétement métamorphosée.
En effet, en quinze mois au plus, ces cinq ou six lieues de territoire, qui appartenaient à M. Duriveau, ce pays jadis si misérable, si désert, si inculte, si fiévreux, et tellement envahi par les eaux stagnantes, que leurs exhalaisons étaient devenues presque mortelles pour les rares habitants des métairies, ce pays, disons-nous, avait absolument changé non-seulement d’aspect, mais, si cela peut se dire, de nature…
Plus de ces brumes humides, pestilentielles, qui couvraient, dans une immense étendue, ces landes à demi submergées sous les eaux croupissantes ; plus de sol noirâtre, spongieux, couvert çà et là de chétives bruyères, dans lequel bêtes et gens enfonçaient jusqu’aux genoux ; plus de ces plaines sans fin, nues, arides, désolées, à travers