Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/159

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un enfant. Je l’emportais au quai, je me figurais que d’être avec les autres fleurs, dans ce bon air frais et embaumé, ça lui faisait du bien ; je trempais ses pauvres feuilles flétries dans la belle eau de la fontaine, et puis, pour le ressuyer, je le mettais un bon quart d’heure au soleil… Cher petit rosier, il n’en voyait jamais, de soleil, dans la Cité, car dans notre rue il ne descend pas plus bas que le toit… Enfin je rentrais… Eh bien ! je vous assure, monsieur Rodolphe, que, grâce à ces promenades, mon rosier a peut-être vécu dix jours de plus qu’il n’aurait vécu sans cela.

— Je vous crois ; mais quand il est mort, ç’a été une grande perte pour vous ?

— Je l’ai pleuré ; ç’a été un vrai chagrin… Et, tenez, monsieur Rodolphe, puisque vous comprenez qu’on aime les fleurs, je peux bien vous dire ça. Eh bien ! je lui avais aussi comme de la reconnaissance… de… Ah ! pour cette fois, vous allez vous moquer de moi…

— Non, non ! j’aime… j’adore les fleurs ; ainsi je comprends toutes les folies qu’elles font faire ou qu’elles inspirent.

— Eh bien ! je lui étais reconnaissante, à