Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/402

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ébahissements recommencèrent — je le mérite, et comment ?

— Je vais vous le dire : Sans notions du bien et du mal, abandonné à vos instincts sauvages, renfermé pendant quinze ans au bagne avec les plus affreux scélérats, pressé par la misère, par la faim ; forcé, par votre flétrissure et par la réprobation des honnêtes gens, à continuer à fréquenter la lie des malfaiteurs, non-seulement vous êtes resté probe, mais le remords de votre crime a survécu à l’expiation que la justice humaine vous avait imposée.

Ce langage simple et noble fut une nouvelle source d’étonnement pour le Chourineur. Il regardait Rodolphe avec un respect mêlé de crainte et de reconnaissance. Mais il ne pouvait encore se rendre à l’évidence.

— Comment, monsieur Rodolphe… parce que vous m’avez battu, parce que, vous croyant ouvrier comme moi, puisque vous parliez argot comme père et mère… je vous ai raconté ma vie entre deux verres de vin… et qu’après ça je vous ai empêché de vous noyer… Vous, comment ? Enfin… moi, une maison… de l’argent… moi comme un bour-