Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/253

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Et puissent tes labeurs, plus sages que nos codes,
Que leurs subtilités et leurs vaines méthodes,
Devenir le flambeau de l’arbitre des lois !
Porte-les aux cités, aux champs, dans la bourgade,
Comme on vit Alexandre emporter l’Iliade
Aux régions de ses exploits !

Cependant, oh ! pardonne à ma libre pensée :
Par combien de tes sons notre oreille est blessée !
Que de fange mêlée à tes rayons de miel !
De combien de noirceurs ton caprice s’amuse !
Que de taches de sang sur le front de ta muse !
Que de nuages sur ton ciel !

Et combien avec toi notre goût se déprave !
Quel funeste cachet dans notre âme se grave !
Et comme tu réduis le poète aux abois !
Au choc de la tempête, au fracas de l’orage,
Aux lueurs du volcan qu’elle est froide, l’image
Des ruisseaux, des prés et des bois !

Depuis que devant nous posent tes noirs modèles,
Nos bons anges aussi nous trouvent infidèles ;
Leur voix ne touche plus nos entrailles de fer :
Et, si leur tendre plainte au pardon nous convie,
Nos rebelles clameurs répondent : Notre vie
Est aux puissances de l’enfer !