Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/290

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Reprenons un sujet que nulle voix n’ébauche,
De ces vils cabarets, asiles de débauche,
Et dont le carnaval redouble les horreurs,
Oserons-nous fixer l’impudent athéisme,
Les crapuleux plaisirs, le révoltant cynisme
Et les sataniques fureurs ?

Oh ! non ; l’air de ces lieux, si pure que soit l’âme,
Y pourrait imprimer un souvenir infâme.
Chez les pestiférés passerait-on en vain ?
L’antre déborde… où vont ces masses corrompues
De bandits forcenés et de femmes repues
De rage, de boue et de vin ?

Où vont-ils ? À ces jeux que le bourreau prépare !
Mais que vois-je au milieu de ce groupe bizarre,
Qui du faible passant se pose l’agresseur ?
Barbillon, Tortillard, le terrible Squelette,
Nicolas qui bondit pour voir tomber la tête
Et d’une mère et d’une sœur !

Répétons-le : malgré ta vigoureuse touche,
Malgré ces traits de feu jaillissants de ta bouche,
De Callot, de Rambrandt il te faudrait la main
Pour nous représenter ces hurlements sauvages,
Cette audace sans frein, ces atroces visages
Qui ne montrent plus rien d’humain.