Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

proche qu’ils font encore aujourd’hui à M. Sue, et certes il y a chez celui-ci beaucoup de courage à entrer après Hugo et Balzac dans cette léproserie morale et physique que le pudique feuilleton a marquée de la croix rouge des pestiférés.

Cependant, nous le demanderons à tous ceux qui jugent froidement, n’y a-t-il pas dans les lignes suivantes de grandes vérités capables d’attirer l’attention du philanthrope, et, nous dirons plus, de la société.

« Pour ne tromper personne, je dis que je sors de prison depuis deux mois et que j’ai bonne envie de travailler ; on me montre la porte. Je demande de l’ouvrage à emporter, on me dit que je me moque du monde en demandant qu’on me confie seulement une chemise. »

» Les bourgeois ne veulent jamais employer un forçat ; ils ont raison, c’est pas là qu’on couronne des rosières. »

En effet, dans notre société, l’homme qui a failli n’est pas lavé de son crime après l’accomplissement de sa peine. « Le coupable, a fort bien dit M. de Balzac, se relève aux yeux de Dieu, jamais à ceux des hommes. » On repousse le criminel ; en vain il vous dit : L’expiation doit avoir effacé la faute ! on se bouche les oreilles et on lui crie avec dégoût : Va-t’en ! Que fera-t-il ? L’instinct de sa propre conservation, la faim, cette mauvaise conseillère, étoufferont en lui le remords, le souvenir du châtiment, et il volera de nouveau, car il faut manger. Le Chourineur le dit avec beaucoup de raison.

» Mais, c’est égal, mes parents m’ont joué une mauvaise farce en me mettant au monde… Je ne m’en plaindrais pas si encore ils m’avaient fait comme