Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/318

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L’homme séparé du reste de la création, mis dans l’impossibilité de nuire de nouveau, condamné à traîner jusqu’à la fin la peine de son crime, partant à ne jamais l’oublier, se laisserait peut-être un jour toucher par le repentir ! Quel triomphe ! quelle joie ! avoir reconquis à la vertu, aux bons sentiments, un cœur corrompu par le vice et les mauvais instincts. Cela ne vaudrait-il pas mieux que ce châtiment d’un instant qui ne laisse pas l’heure des remords sonner à l’oreille du coupable ? Si ! nous le disons avec une profonde conviction, et nous hâtons de nos vœux le jour où des voix plus éloquentes et des plumes plus habiles traiteront sous toutes ses faces cette importante réforme.


TROISIÈME ARTICLE.


À propos de nos deux précédents articles sur les Mystères de Paris, on nous a fait un assez singulier reproche. Ces lignes ont le grand tort, a-t-on dit, d’avoir été écrites par un jeune homme de vingt ans ! Bon Dieu ! qu’importe l’âge s’il s’y trouve d’hasard une bonne vérité ?… C’est une chose du reste que nous n’eussions pas relevée, si nous n’avions encore pendant quelque temps à traiter le sujet sérieux qui nous occupe aujourd’hui. Cela dit, commençons.

Après la misère honteuse, fille du vice, voici la misère honnête, fille du malheur ; nous quittons te bouge du Lapin-Blanc et montons dans les combles, chez Morel, ouvrier lapidaire en vrai. Que triste et douloureux est le spectacle de cette mansarde ; dans un coin, l’aïeule idiote qui hurle la faim ; dans un autre, la pauvre mère alitée que la fièvre glace ; puis, au milieu, une paillasse dans laquelle sont couchés