Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/323

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embarras conduit à un plus grand, et cela ne s’arrête qu’à la prison, souvent au bagne, parfois à l’échafaud. Les pauvres n’ont pas comme les riches toutes facilités pour emprunter. Ils n’ont point, eux, d’hypothèques à donner, leur signature n’est qu’une dérision. Quand on leur prête, c’est à gros intérêts et sur gages, et cela parce que les pertes sont nombreuses avec les petites gens et qu’il faut que les bons payent pour les mauvais. Les prêteurs sont sans pitié et poursuivent à l’échéance, et, une fois en circulation, son billet revient à l’ouvrier avec un compte de frais qui le triple. Ainsi, sur un billet de 300 francs de capital, un huissier de Paris a fait 964 francs de frais (historique). Le débiteur, ouvrier, père de cinq enfants, est en prison depuis onze mois.

Alors la bonne volonté échoue contre cet obstacle. On est à tout jamais perdu. Prévenez le crime, vous n’aurez pas à le punir.


QUATRIÈME ARTICLE.


M. Sue l’avait promis dans sa préface ; à mesure que nous marcherons, l’air s’épurera autour de nous. Aussi, n’est-ce plus au tapis-franc que nous sommes aujourd’hui, c’est dans un noble salon ; plus de pavés gluants, de murailles lézardées, plus de boue à nos pieds, plus de ces miasmes putrides qui donnent des nausées, mais d’élégantes peintures, des parquets, des tapis, du marbre, du velours, des fleurs. Cependant les misères que nous trouvons dans ce salon ne sont pas moins affreuses que celles du bouge de l’ogresse. La faim et le froid ne passent point cette porte tout émaillée de peintures, tout incrustée d’argent,