Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour une malheureuse mère la misère de ses enfants ; n’est-il pas monstrueux que la pauvreté de cette femme la mette hors la loi et la livre sans défense, elle et sa famille, aux odieux traitements d’un mari fainéant et corrompu ? »

Il ne faut pas s’y tromper ; dans la circonstance que nous venons de mentionner, le sort de la femme de l’ouvrier est mille fois plus affreux que celui de la femme du monde. Car elle a de plus qu’elle, la misère !

« La justice civile, comme la justice criminelle, ne devrait-elle pas être accessible à tous ? Lorsque des gens sont trop pauvres pour pouvoir invoquer le bénéfice d’une loi éminemment préservatrice et tutélaire, la société ne devrait-elle pas, à ses frais, en assurer l’application, par respect pour l’honneur et le repos des familles ? »


QUATORZIÈME ARTICLE.


Un homme ouvre une jalousie la nuit, pénètre dans une chambre, brise une serrure et commet un vol ; la justice s’empare du coupable, le juge et, dans l’intérêt de la société dont elle est le protecteur-né, elle le condamne. L’homme a subi sa peine, il est quitte envers cette société qu’il avait attaquée ; celle-ci lui doit aide et protection comme et plus qu’à tout autre, et cependant « quelles précautions prend-elle pour empécher le réclusionnaire libéré de retomber dans le crime ? Aucune… Lui rend-elle possible, avec une charitable prévoyance, le retour au bien, afin de pouvoir sévir, ainsi que l’on sévit d’une manière terrible, s’il se montre incorrigible ? Non !… la perversion contagieuse de vos geôles est tellement