Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/88

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— Que veux-tu… ma position était si difficile, si délicate… Encore une fois, je ne te disais rien, mais j’étais sans cesse préoccupé de ce qui te touchait… En contractant ce mariage qui comblait tous mes vœux, j’avais aussi cru donner une garantie de plus à ton repos. Je connaissais trop l’excessive délicatesse de ton cœur pour espérer que jamais… jamais tu ne songerais plus au passé ; mais je me disais que si par hasard ta pensée s’y arrêtait, tu devais, en te sentant maternellement chérie par la noble femme qui t’a connue et aimée au plus profond de ton malheur, tu devais, dis-je, regarder le passé comme suffisamment expié par tes atroces misères, et être indulgente ou plutôt juste envers toi-même ; car enfin ma femme a droit par ses rares qualités aux respects de tous ; n’est-ce pas ? Eh bien ! dès que tu es pour elle une fille, une sœur chérie, ne dois-tu pas être rassurée ? Son tendre attachement n’est-il pas une réhabilitation complète ? Ne te dit-il pas qu’elle sait comme toi que tu as été victime et non coupable, qu’on ne peut enfin te repro-