Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/249

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tigations et surtout éveiller la défiance de son amie, la comtesse se hâta d’ajouter, pour donner le change à la marquise :

— Oui, une répugnance craintive, comme celle qu’inspire ordinairement un jaloux bourru…

À cette interprétation, le léger mouvement convulsif de la lèvre de madame d’Harville cessa ; elle parut soulagée d’un poids énorme, et répondit :

— Mais non, M. d’Harville n’est ni bourru ni jaloux… — Puis, cherchant sans doute le prétexte de rompre une conversation qui lui pesait, elle s’écria tout à coup : — Ah ! mon Dieu, voici cet insupportable duc de Lucenay, un des amis de mon mari… Pourvu qu’il ne nous aperçoive pas ! D’où sort-il donc ? Je le croyais à mille lieues d’ici !

— En effet, on le disait parti pour un voyage d’un an ou deux en Orient ; il y a cinq mois à peine qu’il a quitté Paris. Voilà une brusque arrivée, qui a dû singulièrement contrarier la duchesse de Lucenay, quoique le duc ne soit guère gênant — dit Sarah avec un