Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/106

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sieur Pipelet ! — dit Rigolette, qui avait assez de peine à conserver son sérieux.

— J’y songeais — répondit M. Pipelet avec un profond soupir — lorsque j’ai réfléchi qu’il me faudrait affronter leurs regards, peut-être même leurs propos licencieux : cela m’a révolté, m’a mis hors de moi. Je ne suis pas plus méchant qu’un autre ; mais quand ces éhontés ont passé devant la loge, mon sang n’a fait qu’un tour, et je n’ai pu m’empêcher… de mettre brusquement ma main devant mes yeux pour me dérober la vue de ces luxurieux malfaiteurs !! Mais cela ne m’étonne pas, il devait m’arriver quelque chose de malheureux aujourd’hui… j’avais rêvé de ce monstre de Cabrion !

Rigolette sourit, et le bruit des soupirs de M. Pipelet se confondit avec les coups de marteau qu’il appliquait sur la semelle de sa vieille botte.

D’après les réflexions d’Alfred, il résultait qu’Anastasie s’était outrageusement vantée, imitant à sa manière le coquet manège de ces femmes qui, pour raviver le feu de leurs maris ou de leurs amants, se disent incessamment et dangereusement courtisées.