Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/11

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toujours raison… On dirait que les riches sont faits d’une autre pâte que nous !

— Je ne dis pas cela — reprit doucement Morel ; — je dis au contraire qu’ils ont leurs défauts… nous avons, nous, les nôtres…

Le malheur est… qu’ils ne savent pas… Le malheur est qu’il y a, par exemple, beaucoup d’agents pour découvrir les gueux qui ont commis des crimes, et qu’il n’y a pas d’agents pour découvrir les honnêtes ouvriers accablés de famille qui sont dans la dernière des misères… et qui, faute d’un peu de secours donné à point, se laissent quelquefois tenter… C’est bon de punir le mal, ça serait peut-être meilleur de l’empêcher… Vous êtes resté probe jusqu’à cinquante ans ; mais l’extrême misère, la faim, vous poussent au mal… et voilà un coquin de plus… Tandis que si on avait… su… Mais à quoi bon penser à cela ?… le monde est comme il est… Je suis pauvre et désespéré, je parle ainsi… je serais riche, je parlerais de fêtes et de plaisirs…

— Eh bien ! pauvre femme, comment vas-tu ?

— Toujours la même chose… Je ne sens