Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/136

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car il était bien triste, ce pauvre jeune homme. Vous, au contraire, vous m’avez plu tout de suite…

— Voyons, ma voisine, ne vous fâchez pas ; je vais vous parler… en vrai camarade…

— Allez… allez… j’ai le caractère bien fait… Et puis vous êtes si bon, que vous n’auriez pas le cœur, j’en suis sûre, de me dire quelque chose qui me fasse de la peine…

— Sans doute… Mais voyons, franchement, vous n’avez jamais eu… d’amant ?

— Des amants !… ah ! bien oui ! est-ce que j’ai le temps ?

— Qu’est-ce que le temps fait à cela ?

— Ce que ça fait ! mais tout… D’abord je serais jalouse comme un tigre ; je me ferais sans cesse des peines de cœur ; eh bien ! est-ce que je gagne assez d’argent pour pouvoir perdre deux ou trois heures par jour à pleurer, à me désoler ? Et si on me trompait… que de larmes, que de chagrins !… ah bien ! par exemple… c’est pour le coup que ça m’arriérerait joliment !

— Mais tous les amants ne sont pas infidèles, ne font pas pleurer leur maîtresse.