Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/255

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gardais M. Ferrand avec effroi ; ma tête s’égarait. J’allais peut-être risquer ma vie en lui disant que le matin j’avais entendu ses projets, lorsque heureusement je me rappelai les nouveaux dangers auxquels cet aveu m’exposerait. — « Vous ne me comprenez donc pas ? — me demanda-t-il avec impatience. — Si… monsieur… Mais — lui dis-je en tremblant — je préférerais ne pas aller à la campagne. — Pourquoi cela ? Vous serez parfaitement traitée là où je vous envoie. — Non ! Non ! je n’irai pas ; j’aime mieux rester à Paris, ne pas m’éloigner de ma famille ; j’aime mieux tout lui avouer, mourir de honte s’il le faut. — Tu me refuses ? — dit M. Ferrand, contenant encore sa colère et me regardant avec attention. — Pourquoi as-tu si brusquement changé d’avis ? Tu acceptais tout à l’heure… — Je vis que, s’il me devinait, j’étais perdue ; je lui répondis que je ne croyais pas qu’il fût question de quitter Paris, ma famille. — Mais tu la déshonores, ta famille, misérable ! — s’écria-t-il ; — et, ne se possédant plus, il me saisit par le bras et me poussa si violemment qu’il me fit tomber. — Je te donne jusqu’après-