Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/257

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m’ont assaillie, c’est ce qui a causé mon malheur ; sans cela j’aurais bravé la honte, et je ne serais pas accusée d’avoir tué mon enfant. Au lieu d’appeler du secours, et de peur qu’on n’entendît mes cris de douleur, je les étouffai en mordant mes draps. Enfin, après des souffrances horribles… seule au milieu de l’obscurité, je donnai le jour à cette malheureuse créature dont la mort fut sans doute causée par cette délivrance prématurée… car je ne l’ai pas tuée, mon Dieu… je ne l’ai pas tuée… oh non ! Au milieu de cette nuit j’ai eu un moment de joie amère, c’est quand j’ai pressé mon enfant dans mes bras…

Et la voix de Louise s’éteignit dans les sanglots.

Morel avait écouté le récit de sa fille avec une apathie, une indifférence morne qui effrayèrent Rodolphe.

Pourtant, la voyant fondre en larmes, le lapidaire, qui, toujours accoudé sur son établi, tenait ses deux mains collées à ses tempes, regarda Louise fixement et dit :

— Elle pleure… elle pleure… pourquoi donc qu’elle pleure ? — Puis il reprit après un