Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/36

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pouvait y croire… Déjà affaibli par des privations de toutes sortes, les forces lui manquaient ; il restait pâle, hagard, assis sur son escabeau, affaissé sur lui-même, les bras pendants, la tête baissée sur sa poitrine…

— Ah çà ! mille tonnerres !… ça finira-t-il ?… — s’écria Malicorne. — Est-ce que vous croyez qu’on est à la noce ici ? Marchons, ou je vous empoigne.

Le recors mit sa main sur l’épaule de l’artisan et le secoua rudement.

Cette menace, ce geste inspirèrent une grande frayeur aux enfants ; les trois petits garçons sortirent de leur paillasse, à moitié nus, et vinrent, éplorés, se jeter aux pieds des gardes du commerce, joignant les mains, et criant d’une voix déchirante :

— Grâce !… ne tuez pas notre père !…

À la vue de ces malheureux enfants frissonnant de froid et d’épouvante, Bourdin, malgré sa dureté naturelle et son habitude de pareilles scènes, se sentit presque ému. Son camarade, impitoyable, dégagea brutalement sa jambe des étreintes des enfants qui s’y cramponnaient suppliants.