Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/82

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ou brûlants à la mousse fraîche ou veloutée des sentiers des bois parfumés de violettes ; la poussière suffocante des barrières ou des boulevards au balancement des épis d’or, émaillés de l’écarlate des pavots sauvages et de l’azur des bluets…

Rigolette ne quittait sa chambre que le dimanche, et le matin de chaque jour, pour faire sa provision de mouron, de pain, de lait et de millet pour elle et ses deux oiseaux, comme disait Mme Pipelet ; mais elle vivait à Paris pour Paris. Elle eût été au désespoir d’habiter ailleurs que dans la capitale.

Autre anomalie : malgré ce goût des plaisirs parisiens, malgré la liberté ou plutôt l’abandon où elle se trouvait, étant seule au monde… malgré l’économie fabuleuse qu’il lui fallait mettre dans ses moindres dépenses pour vivre avec environ trente sous par jour, malgré la plus piquante, la plus espiègle, la plus adorable petite figure du monde, jamais Rigolette ne choisissait ses amoureux… (nous ne dirons pas ses amants ; l’avenir prouvera si l’on doit considérer les propos de madame Pipelet, au sujet des voisins de la grisette,