Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/97

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le soldat, mes parents sont morts, je ne sais où aller ; qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? — Là-dessus l’officier est venu ; il m’a fait conduire chez le commissaire, qui m’a fait mettre en prison comme vagabonde, et j’en suis sortie à seize ans.

— Mais vos parents ?

— Je ne sais pas qui était mon père, j’avais six ans quand j’ai perdu ma mère, qui m’avait retirée des Enfants-Trouvés, où elle avait été forcée de me mettre d’abord. Les braves gens dont je vous ai parlé demeuraient dans notre maison ; ils n’avaient pas d’enfants : me voyant orpheline, ils m’ont prise avec eux.

— Et quel était leur état ? leur position ?

— Papa Crétu, je l’appelais comme ça, était peintre en bâtiment, et sa femme bordeuse…

— Étaient-ce au moins des ouvriers aisés ?

— Comme dans tous les ménages : quand je dis ménage, ils n’étaient pas mariés, mais ils s’appelaient mari et femme. Il y avait des hauts et des bas ; aujourd’hui dans l’abondance, si le travail donnait ; demain dans la gêne, s’il ne donnait pas ; mais ça n’empêchait pas