Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tristes. S’ils se faisaient des reproches, c’était la femme qui disait à son mari : — Tiens, Crétu, c’est bête, mais tu me fais trop rire ! — Ou bien c’était lui qui disait à sa femme : — Tiens, tais-toi, Ramonette (je ne sais pas pourquoi il l’appelait Ramonette), tais-toi, tu me fais mal, tu es trop drôle !… — Et moi je riais de les voir rire… Voilà comme j’ai été élevée, et comme ils m’ont formé le caractère… j’espère que j’ai profité !

— À merveille, ma voisine… Ainsi entre eux jamais de disputes ?

— Jamais, au grand jamais !… Le dimanche, le lundi, quelquefois le mardi, ils faisaient, comme ils disaient, la noce, et ils m’emmenaient toujours avec eux. Papa Crétu était très-bon ouvrier : quand il voulait travailler, il gagnait ce qui lui plaisait ; sa femme aussi. Dès qu’ils avaient de quoi faire le dimanche et le lundi, et vivre au courant tant bien que mal, ils étaient contents. Après ça, fallait-il chômer, ils étaient contents tout de même… Je me rappelle que, quand nous n’avions que du pain et de l’eau, papa Crétu prenait dans sa bibliothèque…

— Il avait une bibliothèque ?