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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/53

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femme, après tout ? n’est-elle pas à moi, bien à moi ? La loi ne me reconnaît-elle pas mon pouvoir sur elle ? Ma femme résiste… eh bien ! j’ai le droit de… — Il s’interrompit avec un éclat de rire sardonique.

— Oh ! oui… la violence, n’est-ce pas ? Maintenant la violence ! Autre infamie… Mais que faire alors ? car je l’aime, moi ! je l’aime comme un insensé… Je n’aime qu’elle… Je ne veux qu’elle… Je veux son amour, et non sa tiède affection de sœur… Oh ! à la fin il faudra bien qu’elle ait pitié… elle est si bonne, elle me verra si malheureux ! Mais non, non ! jamais ! il est une cause d’éloignement qu’une femme ne surmonte pas. Le dégoût… oui… le dégoût… entends-tu ? le dégoût !… Il faut bien te convaincre de cela : ton horrible infirmité lui fera horreur… toujours… entends-tu ? toujours !… — s’écria M. d’Harville dans une douloureuse exaltation.

Après un moment de farouche silence, il reprit :

— Cette anonyme délation, qui accusait le prince et ma femme, part encore d’une main ennemie ; et tout à l’heure, avant de l’avoir