Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/10

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beau jour il vendra ta fille comme il a vendu tes nippes.

— Oh ! pour ça, par exemple, il me tuerait plutôt… Ma pauvre Catherine !…

— Il ne te tuera pas, et il vendra ta pauvre Catherine… Il est ton mari, n’est-ce pas ? Il est le chef de la communauté, comme t’a dit l’avocat, tant que vous ne serez pas séparés par la loi ; et comme tu n’as pas cinq cents francs à donner pour ça, il faut te résigner, ton mari a le droit d’emmener sa fille de chez toi, et où il veut… Une fois que lui et sa maîtresse s’acharneront à perdre cette pauvre enfant, est-ce qu’il ne faudra pas qu’elle y passe ?…

— Mon Dieu !… mon Dieu !… Mais si cette infamie était possible… il n’y aurait donc pas de justice ?…

— La justice ? — dit Pique-Vinaigre avec un éclat de rire sardonique — c’est comme la viande… c’est trop cher pour que les pauvres en mangent… Seulement, entendons-nous, s’il s’agit de les envoyer à Melun, de les mettre au carcan ou de les jeter aux galères, c’est une autre affaire… on leur donne cette justice-là gra-