Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/141

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se pencha vers le Gros-Boiteux et lui dit tout bas :

— Qu’est-ce que celui-là ?

— Un homme avec qui j’ai travaillé.

— En es-tu sûr ?

— Oui ; mais ça n’a pas de fiel, c’est mollasse.

— Suffit, j’aurai l’œil dessus.

— Voyons comme quoi Germain est un mangeur — dit un prisonnier.

— Explique-toi, Gros-Boiteux — reprit le Squelette, qui ne quitta plus Frank du regard.

— Voilà — dit le Gros-Boiteux : — Un Nantais nommé Velu, ancien libéré, a éduqué le jeune homme dont on ignore la naissance. Quand il a eu l’âge, il l’a fait entrer à Nantes chez un banquezingue, croyant mettre le loup dans sa caisse et se servir de Germain pour empaumer une affaire superbe qu’il mitonnait depuis long-temps ; il avait deux cordes à son arc… un faux et le soulagement de la caisse du banquezingue… peut-être cent mille francs… à faire en deux coups… Tout était prêt, Velu comptait sur le petit jeune homme comme sur lui-même ; ce galopin-là couchait dans le pavillon où était la caisse,