Une rixe s’engage entre deux hommes ; l’un reçoit un coup dangereux, dont il meurt.
Je lis dans le journal qui rend compte des assises[1] :
« …. On introduit la veuve de la victime, jeune femme de vingt-cinq ans, vêtue en grand deuil, et d’une pâleur mortelle.
» Demande. — Avant de s’aliter, votre mari n’était-il pas venu au parquet de M. le procureur du Roi pour porter plainte et pour déclarer qu’il se portait partie civile ?
» Réponse. — Oui, monsieur le président, il voulait s’assurer, pour éviter d’aller à l’hospice, qu’il serait en état de payer son médecin en demandant des dommages et intérêts, car il ne doutait pas qu’il allait faire une maladie (en suite du coup qu’il avait reçu) ; mais, comme on lui demanda de déposer d’abord une somme que nous n’avions pas, nous autres pauvres gens, il fallut renoncer au bénéfice de la loi ; et je vous le dis, messieurs, quelque temps après mon mari mourut à l’hôpital.
» La pauvre veuve se met à pleurer.
« — M. le président, avec bonté : Venez, madame, venez vous asseoir au pied de la cour, à côté de votre avocat… »
Je le répète, ceci s’est passé hier…
J’avais dit, dans le même chapitre des Mystères de Paris, qu’au moins l’exécution capitale était infligée gratis…
- ↑ Bulletin des Tribunaux, 8 juin 1843. — Cour d’assises, présidence de M. Bresson.