Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/45

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En vain le coupable objectera-t-il le manque d’ouvrage, la misère, la position exceptionnelle, difficile, intolérable, le besoin que sa condition de libéré lui impose… Tant pis, la loi est une ; la société, pour son salut et pour son repos, veut et doit être armée d’un pouvoir sans bornes, et impitoyablement réprimer ces attaques audacieuses contre le bien d’autrui.

Oui, ce misérable, ignorant et abruti, ce récidiviste corrompu et dédaigné a mérité son sort…

Mais que méritera donc celui qui, intelligent, riche, instruit, entouré de l’estime de tous, revêtu d’un caractère officiel, volera… non pas pour manger… mais pour satisfaire à de fastueux caprices ou pour tenter les chances de l’agiotage ?

Volera, non pas cent francs… mais volera cent mille francs… un million ?…

Volera, non pas la nuit, au péril de sa vie, mais volera tranquillement, au grand jour, à la face de tous ?

Volera… non pas un inconnu qui aura mis son argent sous la sauvegarde d’une serrure…