Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Que veux-tu… tu ne pouvais pas savoir ma peine, puisque je ne t’en parlais pas ; enfin nous avons redoublé de travail, nous deux Catherine… Pauvre enfant, si tu savais comme c’est honnête, et laborieux, et bon ! toujours les yeux sur les miens pour savoir ce que je désire qu’elle fasse ; jamais une plainte, et pourtant… elle en a déjà vu de cette misère… quoiqu’elle n’ait que quinze ans !… Ah ! ça console de bien des choses, vois-tu, Fortuné, d’avoir une enfant pareille — dit Jeanne en essuyant ses yeux.

— C’est tout ton portrait… à ce que je vois ; il faut bien que tu aies cette consolation-là, au moins…

— Je t’assure, va, que c’est plus pour elle que je me chagrine que pour moi ; car il n’y a pas à dire, vois-tu, depuis deux mois elle ne s’est pas arrêtée de travailler un moment ; une fois par semaine elle sort pour aller savonner aux bateaux du Pont-au-Change, à trois sous l’heure, le peu de linge que mon mari nous a laissé : tout le reste du temps, à l’attache comme un pauvre chien… Vrai, le malheur lui est venu trop tôt ; je sais bien qu’il faut