Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/9

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toujours qu’il vienne, mais au moins il y en a qui ont une ou deux années de tranquillité… Ce qui me fait aussi beaucoup de chagrin dans tout ça, vois-tu, Fortuné, c’est de ne pouvoir t’aider en presque rien… Pourtant, je tâcherai…

— Ah çà ! est-ce que tu crois que j’accepterais ? Au contraire, je demandais un sou par paire d’oreilles pour leur raconter mes fariboles, j’en demanderai deux, ou ils se passeront des contes de Pique-Vinaigre… et ça t’aidera un peu dans ton ménage… Mais, j’y pense, pourquoi ne pas te mettre en garni ? comme ça ton mari ne pourrait rien vendre.

— En garni ? Mais penses-y donc, nous sommes quatre, on nous demanderait au moins vingt sous par jour : qu’est-ce qui nous resterait pour vivre ? Tandis que notre chambre ne nous coûte que cinquante francs par an.

— Allons, c’est juste, ma fille — dit Pique-Vinaigre avec une ironie amère — travaille, éreinte-toi pour refaire un peu ton ménage ; dès que tu auras encore gagné quelque chose, ton mari te pillera de nouveau… et un