Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/370

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zarre, hideux, presque fantastique de cette multitude. Presque tous, hommes, femmes, enfants, étaient vêtus de vieux costumes de mascarades ; ceux qui n’avaient pu s’élever jusqu’à ce luxe portaient sur leurs vêtements des guenilles de couleurs tranchantes ; quelques jeunes gens étaient affublés de robes de femmes à demi déchirées et souillées de boue ; tous ces visages, flétris par la débauche et par le vice, marbrés par l’ivresse, étincelaient d’une joie sauvage en songeant qu’après une nuit de crapuleuse orgie ils allaient voir mettre à mort deux femmes dont l’échafaud était dressé[1].

Écume fangeuse et fétide de la population de Paris, cette immense cohue se composait de bandits et de femmes perdues qui demandent chaque jour au crime le pain de la journée… et qui chaque soir rentrent largement repus dans leurs tanières[2].

  1. L’exécution de Norbert et de Després a eu lieu cette année le lendemain de la mi-carême…
  2. Selon M. Fregier, l’excellent historien des classes dangereuses de la société, il existe à Paris trente mille personnes qui n’ont d’autre moyen d’existence que le vol.