Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/39

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que notre fille était morte… Hélas ! plût à Dieu qu’elle fût morte alors… j’aurais ignoré l’incurable douleur qui va désormais désespérer ma vie.

— Maintenant — dit Sarah d’une voix faible — je ne m’étonne plus de l’aversion que je vous ai inspirée depuis que vous avez lu cette lettre… Je le sens, je ne survivrai pas à ce dernier coup… Eh bien ! oui… l’orgueil et l’ambition m’ont perdue !… Sous une apparence passionnée je cachais un cœur glacé… j’affectais le dévouement, la franchise… je n’étais que dissimulation et égoïsme. Ne sachant pas combien vous avez le droit de me mépriser, de me haïr… mes folles espérances étaient revenues plus ardentes que jamais… Depuis qu’un double veuvage nous rendait libres tous deux, j’avais repris une nouvelle créance à cette prédiction qui me promettait une couronne… et lorsque le hasard m’a fait retrouver ma fille… il m’a semblé voir dans cette fortune inespérée une volonté providentielle !… Oui… j’allai jusqu’à croire que votre aversion pour moi céderait à votre amour pour votre enfant… et que vous me donneriez