Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/48

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— Non, ce n’est pas assez !… ce n’est pas assez !… — dit Rodolphe en se parlant à lui-même et répondant à sa propre pensée — je n’avais jamais éprouvé cela… jamais !… Quelle ardeur de vengeance… quelle soif de sang… quelle rage calme et réfléchie !… Quand je ne savais pas qu’une des victimes du monstre était mon enfant… je me disais : La mort de cet homme serait stérile… tandis que sa vie serait féconde, si, pour la racheter, il acceptait les conditions que je lui impose… Le condamner à la charité, pour expier ses crimes, me paraissait juste… Et puis la vie sans or, la vie sans l’assouvissement de sa sensualité frénétique, devait être une longue et double torture… Mais c’est ma fille qu’il a livrée enfant à toutes les horreurs de la misère… jeune fille à toutes les horreurs de l’infamie !… — s’écria Rodolphe en s’animant peu à peu ; — mais c’est ma fille qu’il a fait assassiner !… Je tuerai cet homme !…

Et le prince s’élança vers la porte.

— Où allez-vous ? Ne m’abandonnez pas !… — s’écria Sarah, se levant à demi et étendant