Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/189

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— Allons, Bamboche, Basquine, Martin, allons coucher… graines de gueux.

— Est-ce que tu es sourd, toi ?… — dit la Levrasse en se baissant vers l’endroit où, quelques instants auparavant, il avait vu Bamboche s’étaler.

— Tiens !… il a filé, — dit la Levrasse, surpris. — Bamboche n’est plus là.

— Bon !… tant mieux ! — s’écria la mère Major comme frappée d’une idée subite, — s’il est allé dans la voiture, on le mettra dehors, et, pour lui apprendre… il couchera à la belle étoile.

— Oui, oui, — dit la Levrasse, en échangeant un regard d’intelligence avec la mère Major, — c’est cela… le gredin couchera dehors.

— Et il n’aura pas de vin sucré comme Basquine et Martin, avant de faire dodo, — ajouta la mère Major.

— J’ai bien regardé dans les trois compartiments de la voiture, — dit le pitre en revenant, après une absence de quelques minutes, — Bamboche n’y est pas.

En disant ces mots, il me sembla que le paillasse mettait un petit paquet dans la main de la mère Major.

— C’est bien entendu, puisque Bamboche fait une farce, — dit la Levrasse, — il faut qu’elle soit bonne, et elle durera toute la nuit.

À chaque instant je m’attendais à voir paraître notre compagnon ; il ne vint pas…

Croire qu’il nous abandonnait et qu’il fuyait seul, c’était impossible. Il nous avait bien dit que, cette nuit-là même, nous devions nous échapper ; mais, quant aux moyens d’évasion, nous les ignorions, et nous