Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/266

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Puis me regardant avec un mélange de colère, de douleur et de pitié, il murmura :

— À cet âge… mon Dieu !… déjà !!…

Et sans rien ajouter, il m’entraîna, me fit rapidement traverser l’écurie, la cour, s’arrêta devant une espèce de loge maçonnée, un peu plus grande qu’une niche à chien, et, malgré ma résistance désespérée, je fus enfermé dans cette cachette dont Claude Gérard assura la porte extérieurement avec un petit barreau de fer passé dans deux anneaux.

Me voyant prisonnier, je cherchai à m’échapper ; mais les murailles de ma loge étaient épaisses, et je ne possédais aucun instrument propre à m’y ouvrir un passage ; la porte était solide ; quelques trous y étaient percés ; j’y collai mon visage… je ne vis… je n’entendis rien…

Reconnaissant l’impossibilité de m’évader, je tombai dans de cruelles perplexités. Oubliant les dangers de ma position, je ne songeai qu’aux périls que pouvaient courir Bamboche et Basquine, car si l’alarme était donnée par Claude Gérard, si tous les habitants du village se mettaient à battre les champs, les deux voleurs ne pouvaient manquer d’être arrêtés. Cette idée me désespérait, peut-être moins encore cependant que la possibilité d’une séparation.

— Au moins en prison, — me disais-je avec l’égoïsme de l’amitié — je serais avec Bamboche et Basquine.

Au bout d’une heure, je vis une douzaine de vaches entrer dans la cour, et se diriger vers l’étable, conduites par un enfant de mon âge ; presque au même instant une