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M. le mâre a dit aussi que vous curiez le lavoir demain après le sonnage…

— Mon garçon, — reprit Claude Gérard avec un calme parfait où perçait pourtant une légère ironie, — vous direz à M. le maire que, de son côté, M. le curé m’ayant ordonné de nettoyer son colombier sans retard, je me trouve fort embarrassé entre le lavoir et le colombier,… pourtant, le lavoir intéressant davantage la commune, je m’occuperai du lavoir, après avoir creusé la fosse, puis je sonnerai à l’heure du retour des champs.

— Je m’en vas lui dire, mais il ragera sur vous, car il est rageur… comme il n’y a pas de rageur.

— Bonsoir, mon garçon, — dit l’instituteur, voulant sans doute mettre fin à l’entretien.

— Bonsoir, Claude Gérard, — reprit le porcher, — je vas donc dire à M. le mâre que vous ne voulez pas sonner demain matin.

Et la porte se referma sur l’envoyé de M. le maire.

Je ne pouvais avoir alors des idées fort arrêtées sur l’étendue et la variété des fonctions d’un maître d’école, et cependant je venais d’entendre avec assez d’étonnement dame Honorine commander à Claude Gérard, de la part de M. le curé, de creuser une fosse, de balayer la sacristie et de nettoyer le colombier du presbytère. Mais ma surprise augmenta singulièrement, lorsque Bijou, le porcher de M. le maire, vint à son tour, de la part de M. le maire, ordonner à Claude Gérard de sonner et de curer le lavoir public…

Ce qui me frappait beaucoup aussi, c’était la résignation remplie de douceur avec laquelle Claude Gé-