Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/326

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— Hélas ! mon pauvre enfant… des personnes ont été ainsi enterrées vivantes.

— Vivantes ! — m’écriai-je avec effroi.

— Oui… seulement plongées dans une léthargie profonde… puis venait le moment du réveil… — dit Claude Gérard en frémissant, — oui… du réveil… dans une bière étroite… sur laquelle pèsent six pieds de terre…

— Oh ! c’est affreux ! — m’écriai-je, — et vous craignez que cette fois ?…

— Rassure-toi, mon enfant, si je craignais cela… je ne comblerais pas cette fosse, et je veillerais… mais, tout-à-l’heure, je suis entré dans la maison mortuaire, je me suis informé de toutes les tristes circonstances de cette mort… Le médecin de la ville voisine, homme des plus instruits, a constaté le décès… et cette déclaration d’un homme tel que lui, ne peut laisser aucun doute… Pauvre femme, elle a voulu, dit-on, être ensevelie dans une brillante parure, autrefois portée par elle ;… sans doute quelque souvenir se rattachait à cette dernière volonté… Allons, mon enfant… à l’ouvrage…

Et l’instituteur, jetant son vieux chapeau de paille, relevant les manches de sa blouse, commença de piocher vigoureusement le sol avec une dextérité qui annonçait une longue expérience des travaux manuels. Je l’aidai de mon mieux et suivant mes forces.

— C’est la fosse… d’un martyr… que nous creusons là… mon enfant, — me dit Claude Gérard, au bout de quelques instants, en essuyant du revers de sa main la sueur qui inondait son front.