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CHAPITRE VII.


la neige.


Quoique la lune eût à traverser d’épais nuages gris et neigeux, chassés par un vent violent, sa clarté suffisait à me guider : je distinguais parfaitement les objets.

Je me rapprochais du cimetière avec une sorte de satisfaction mélancolique, distrait durant tout le jour des pensées dont Régina était l’objet, je m’abandonnais tout entier à ces souvenirs ; heureux de songer que je vivrais désormais non loin de la dernière demeure de la mère de Régina… de sa mère qu’elle paraissait si douloureusement regretter… c’était à la fois pour moi et une consolation et un lien de plus qui m’attachait à cette enfant. Je me promettais de soigner avec un pieux respect ce tombeau devant lequel je l’avais vue agenouillée… de le défendre contre l’invasion des plantes parasites ; au printemps, je me proposais d’y transplanter quelques fleurs rustiques, dans le fol espoir que si Régina revenait jamais, elle trouverait du moins ce tombeau entretenu avec un soin dont elle serait touchée, et dont elle ignorerait toujours la source.