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portait coup, en détruisant les dernières et folles espérances que j’avais conservées jusqu’à la fin.

C’en était fait…

En quelques minutes, je venais de voir mon avenir s’écrouler ; je me trouvais à Paris sans le moindre appui, presque sans ressources, car, sur la somme généreusement envoyée par mon protecteur à Claude Gérard, pour payer mon voyage et me vêtir, il me restait à-peu-près dix francs.

Ma première pensée fut d’aller aussitôt retrouver Claude Gérard, mais le voyage coûtait cent vingt francs, et, pour retourner à pied à notre village, il m’eût fallu quinze ou vingt jours.

Stupide, inerte, épouvanté, incapable de prendre aucune résolution, je ne sais combien de temps je restai ainsi sous cette porte-cochère, d’où les groupes s’étaient peu-à-peu retirés.

Le portier de la maison, me remarquant à la fin, me dit :

— Monsieur, qu’est-ce que vous faites là ?

Je tressaillis et le regardai d’un air hagard. Il fallut qu’il réitérât sa question, je ne trouvais rien à lui répondre. Enfin, reprenant un peu courage, et tirant de ma poche la lettre de Claude Gérard :

— Hélas, Monsieur, — dis-je au portier, — je viens de deux cents lieues d’ici, porteur de cette lettre pour M. de Saint-Étienne, qui devait être mon protecteur… et en arrivant j’apprends qu’il est mort… je ne connais personne à Paris, et je suis presque sans ressources.

Mon accablement, la sincérité de mon accent, la