Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 3-4.djvu/443

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— La seconde rue à gauche, ensuite la première à droite. Vous verrez la lanterne rouge, — me répondit cet homme sans me regarder et sans cesser son travail.

Au bout de dix minutes, je me trouvai dans une rue étroite, en face d’une maison de sordide apparence ; on montait à la porte par un escalier de bois exhaussé de quelques marches au-dessus du niveau de la rue. Cette porte était ouverte ; je fis quelques pas, et m’arrêtai aux aboiements furieux d’un gros chien. Presque aussitôt un homme trapu, de figure équivoque, tenant un énorme bâton sous son bras, et abritant la flamme d’une chandelle sous sa main, apparut devant moi, et me demanda brusquement ce que je voulais.

— Passer la nuit dans cette maison, Monsieur.

— Votre passeport ?

— Le voici, Monsieur…

— C’est quatre sous… et d’avance, — me dit l’homme, après avoir jeté un regard assez indifférent sur mon passeport.

Je donnai quatre sous. L’homme marcha devant moi, traversa une petite cour boueuse, et m’ouvrit la porte d’une sorte de cave éclairée par une lampe fumeuse. Je fus presque suffoqué par l’odeur infecte qui s’exhala de ce bouge, où je vis huit ou dix lits, occupés, ceux-ci par des hommes, ceux-là par des femmes ; mais, dans chaque lit couchaient deux personnes ; un seul était complètement vacant ; le maître du garni me le montra du geste, et me dit :

— Ici, comme on donne des draps, c’est défendu de coucher avec ses souliers, parce que ça troue le linge et qu’on racle les jambes de son camarade de lit.