Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/142

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— En interrogeant les domestiques, en leur demandant le nom de leur maître.

— Oh ! Monsieur… moi… je n’oserai pas… et puis ils ne voudront pas me le dire…

— Bien, bien, anti-Frontin, — dit Balthazar.

— S’ils refusent de te répondre, il y aura un moyen très-simple de faire parler ses gens, — reprit Robert ! — Cet homme, dis-tu, est jeune, élégant et beau ?

— Oui, Monsieur, très-beau, très-beau de figure.

Robert fronça le sourcil et ajouta :

— Eh bien ! tu diras d’un air mystérieux à ses gens que tu viens de la part d’une très-jolie femme qui a remarqué leur maître, et qui voudrait savoir son nom et son adresse : il est impossible, alors, que les domestiques ne te le disent pas. Comprends-tu bien ?

— Mais, Monsieur, puisque ce n’est pas vrai… — dis-je à Robert d’un air niais et embarrassé. — Il faudra donc que je mente ?

— Bravo, anti-Frontin ! — s’écria Balthazar ne pouvant rester muet plus long-temps, — tout-à-l’heure tu m’effrayais, tu tournais légèrement au Figaro, mais ce dernier trait me rassure ! Aussi, — s’écria le poète avec une exaltation croissante, — aussi j’élève tes gages à quinze mille livres tournois pour cette vertueuse réponse, — s’écria Balthazar. — Seulement, tu me fourniras de tire-bottes, d’allumettes chimiques, de cirage et de faux cols.

— Mais, Monsieur, si ce jeune homme ne vient pas en voiture ? — dis-je à Robert. — Comment parler à ses domestiques ?