Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/198

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part son cabriolet et son superbe cheval gris, qui fait retourner tout le monde quand il passe.

— C’est malin… il lui aura dit qu’il venait au Musée pour qu’elle n’aille pas le relancer au bois, où IL sera allé. Je te dis que ta vicomtesse est flambée… Mais tiens, la voilà qui sort déjà, cours vite chercher ta voiture.

— C’est vrai… il n’est pas venu, elle est vexée d’attendre, et elle file… Adieu, Pierre.

— Adieu, mon vieux.

Puis, se retournant vers quelques-uns de ses camarades présents à l’entretien précédent, le valet-de-pied ajouta :

— Regardez donc le mari, a-t-il l’air coq-d’Inde ?

— Jocrisse, va !

— Quel grand flandrin !

— C’est égal, elle est encore gentille…

— Fait-elle une moue ?

— Le fait est qu’elle a l’air vexé.

Je tournai les yeux vers l’endroit que mes voisins (dont je gaze et dont j’abrège les propos) indiquaient du regard, et, sur le perron assez élevé qui précède la grande porte du Musée, je vis une jeune femme blonde, aux traits un peu fatigués, mais charmante encore ; elle semblait profondément triste, abattue ; elle était mise avec autant de goût que d’élégance, parfois elle jetait au loin sur la place des regards navrés ; celui qu’elle attendait, sans doute, ne venait pas… Un grand jeune homme, à figure fade et niaise, le mari sans doute, donnait le bras à cette jeune femme, d’un air nonchalant, ennuyé ; pendant quelques minutes qui précédèrent l’ar-