Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/201

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— Voyez-vous, chez nous on s’enfonce, — disait un laquais à livrée bleue et à collet jaune. — Hier encore, malgré l’ordre de ne pas les recevoir, le tailleur et le boucher qui n’avait, lui, rien reçu depuis près d’un an qu’il a cessé de vouloir fournir la maison, ont forcé la consigne ; ils ont trouvé monsieur sur le grand escalier, et ils lui en ont dit… il lui en ont dit… que d’en bas nous les entendions se disputer.

— Ne pas payer le tailleur… ça se fait encore… à la rigueur, — dit un autre, d’un air sententieux, — mais ne pas payer le boucher c’est dégoûtant… c’est des gens qui dégringolent ;… faut pas rester là, mon garçon.

— Sans compter que Monsieur le Marquis avait fait des billets à Hubert, son cocher, pour la nourriture des chevaux, et voilà le troisième billet qui n’est pas payé. Avant-hier… c’était la couturière qui a fait une scène en reportant une robe de bal qu’elle ne voulait laisser à Madame que moyennant de l’argent comptant… C’est tous les jours des avanies,… quoi… on nous croit si riches… Avec notre grand train qu’est-ce qui dirait cela pourtant ?

— C’est comme chez nous, — dit un chasseur que je reconnus pour l’avoir vu la veille dans la boutique de la Levrasse, — Monsieur le duc a tout fricassé… et il va mettre en gage, chez un usurier, l’épée et les décorations en diamants de son père.

— Filez de là, mes enfants… filez de là.

— Et mes gages ?… — dit l’un, — on me doit cinq mois…

— Restes-y un mois de plus, c’est six mois que tu