Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Voilà déjà le tonnerre, les flammes de l’enfer et tout ce bataclan qui annoncent son entrée.

Je laisse à penser quels regards curieux, impatients je jetai sur la scène.

Le théâtre représentait alors une forêt sombre et profonde, le tonnerre grondait, de fréquents éclairs illuminaient la scène…

La vue de ce décor, le bruit de ce tonnerre amenèrent dans mon esprit un rapprochement puéril peut-être, mais qui me causa une impression étrange, presque effrayante.

Plusieurs années auparavant, dans une sombre forêt, où retentissait aussi le bruit de la foudre, qu’illuminait aussi la sinistre lueur des éclairs… trois enfants abandonnés et trois enfants riches s’étaient rencontrés…

Cinq de ces enfants : Scipion presque adolescent, — Robert de Mareuil, — moi et Bamboche — devenus hommes, — Basquine devenue jeune fille, se retrouvaient ce soir-là, ignorant mutuellement leur présence à ce théâtre bouffon, représentant encore une forêt dont les échos répétaient le bruit de la foudre.

Régina seule manquait… mais le souvenir que je conservais d’elle la rendait, pour ainsi dire, présente à cette scène.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Au moment où le tonnerre redoublait de fracas derrière le théâtre, une trappe s’ouvrit, et vomit de grosses flammes rouges, ainsi que le comporte l’introduction de quelque personnage diabolique ; puis, l’éruption ayant cessé peu-à-peu, je vis sortir Basquine du fond des enfers.