Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/273

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retourner la peau de bon nombre de respectables vieillards, surtout parmi les vieux roués politiques, la pire espèce de dépravés ! — dit Bamboche, — que de Toto on trouverait sous ces masques austères !

— Pour revenir à ma première dînette, — reprit Basquine, — nous la fîmes dans le petit ménage d’or, après avoir préparé ce dîner en miniature dans les casseroles d’argent sur le réchaud à l’esprit de vin. Bientôt, chose assez étrange, les goûts et la gaîté de mon âge reprirent le dessus ; je finis par m’amuser beaucoup de ce passe-temps ; mon camarade Toto se montrait fort expert dans cette cuisine enfantine. Immédiatement après la dînette, Toto me fit voir ses joujoux ; il y en avait d’admirables… et de singuliers… de véritables merveilles de mécanique. Ils avaient dû coûter des sommes considérables. Mais soudain, Toto, s’interrompant au milieu de son exhibition, me dit d’un air désolé : « — Voilà bientôt trois heures, bobonne va venir me chercher pour ma leçon, c’est ennuyant, à demain, pas vrai ? » — Telle fut ma première entrevue avec milord-duc, car, ayant sans doute tiré une sonnette invisible, la porte masquée par laquelle j’étais entrée, s’ouvrit, Corso y apparut, et, sur un signe de son maître, m’emmena par le même chemin que j’avais suivi pour venir, puis il me remit aux mains de Miss Turner, qui m’avait attendue en dehors de la porte de l’appartement particulier de milord-duc. Lorsque, encore tout étonnée, je racontai ces étrangetés à Miss Turner, elle y coupa court en me disant sévèrement : « — Une fois pour toutes, Mademoiselle, pas un mot de tout cela, ni à moi, ni à personne, ou vous perdrez toutes les