Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/299

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d’arriver, à force de travail et d’opiniâtre volonté… mais, vous le concevez, — ajouta Basquine avec un accent de sombre désolation, — après ma ridicule et ignominieuse chute de ce soir… toute espérance est perdue de ce côté… Je ne sais si j’oserai même me représenter à ce malheureux théâtre où j’avais en tant de peine à me faire admettre… Il n’importe… je n’ai que seize ans !… — poursuivit Basquine avec un accent d’indomptable opiniâtreté, — je recommencerai sur de nouveaux frais je chercherai d’autres moyens…… je n’abandonne pas ma vengeance, moi… je veux parvenir…… je parviendrai. Oui, tout avilie, toute faible, tout isolée, toute misérable que je suis, je parviendrai… Oh ! béni sois-tu, Scipion… la nouvelle haine que tu m’inspires, doublera mon énergie… Béni sois-tu… car si je ne meurs à la peine… toi et ceux de ta race… vous…

Puis s’interrompant soudain, en nous regardant Bamboche et moi, presque avec confusion, Basquine nous dit :

— Pardon… pardon, mes amis, de vous oublier pour ces ressentiments… Plus tard nous parlerons de l’avenir… mais aujourd’hui que nous voilà réunis, après tant d’années d’épreuve et de séparation… ne songeons qu’au bonheur de nous revoir et de pouvoir au moins nous dire ce que nous n’avons peut-être dit à personne… cela calme, cela console… cela encourage… Ma confession est terminée, Martin, celle de Bamboche l’est aussi… À ton tour maintenant. Tu ne sais pas avec quelle impatience nous attendons ton récit.

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