Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/307

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— Mais vous… Monsieur ?…

— Moi, mon garçon… je vais passer quelque temps à la campagne…

Sans aucun doute, une grave et brusque rupture avait éclaté entre le poète et Robert de Mareuil.

Après un assez long silence, Balthazar me dit en tirant un papier de son portefeuille, je te dois une soixantaine de francs pour les commissions que tu as faites pour moi, mon garçon… car tu sens bien que les gages capitalisés en millions… ce sont de mauvaises plaisanteries… bonnes quand on est gai… Excuse-moi de t’avoir fait attendre si long-temps… ton argent.

— Ah ! Monsieur…

— Je voudrais mieux récompenser tes soins, ton zèle et ta délicatesse, car… jamais, pauvre garçon… tu n’as osé me demander un argent qui t’était bien nécessaire sans doute… si je ne t’en ai pas donné plutôt, c’est que… tout bonnement, je n’en avais pas… le trimestre de ma petite pension n’était pas encore échu, mais il le sera demain ; voici le reçu que tu porteras à l’adresse qui est indiquée… tu toucheras cet argent pour moi, sauf soixante francs que tu garderas, et tu m’enverras le reste par un mandat sur la poste, à Fontainebleau, au bureau restant.

— Oui… Monsieur… je vous remercie bien, — lui dis-je en prenant le papier.

— Mais j’y songe, — reprit le poète en souriant, — j’ai une si indéchiffrable écriture, que je ne sais si tu pourras lire l’adresse… Essaie un peu.

Je lus le reçu assez difficilement, il est vrai ; il était ainsi conçu :