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La confiance qu’il m’avait témoignée, à moi inconnu de lui, en me montrant, dès le premier jour, l’endroit où il renfermait des valeurs considérables, me toucha encore plus qu’elle ne me surprit ; sûr de ma probité, je m’étonnais peu que l’on me crût probe ; néanmoins, ce dernier trait augmenta encore ma gratitude et ma vénération pour mon nouveau maître.

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Le surlendemain de ce jour-là même se passa une scène doublement intéressante pour moi ; elle complétait dignement l’exposition du caractère du docteur Clément, cet homme d’une si puissante originalité.

J’étais occupé à écrire, sous la dictée de mon maître, la suite de ce plan d’organisation médicale rempli de vues aussi neuves que pratiques, aussi élevées que généreuses, car il considérait cette immense question au point de vue de l’hygiène et de la santé des populations des villes et des campagnes, lorsque Suzon lui annonça M. Dufour d’Évreux, chargé, disait-il, d’une lettre de M. Just, le fils de mon maître.

— Un ami de mon fils, — dit vivement le docteur à Suzon. — Introduis-le tout de suite… Ceux-là… ont toujours chez moi leurs grandes entrées…

Bientôt je vis paraître un petit vieillard, propret, et tiré comme on dit à quatre épingles, quoique la mode de la poudre fût passée depuis long-temps. Il portait des faces et une petite queue enrubannée de noir qui flottait sur le collet légèrement blanchi de son habit bleu-barbeau ; une culotte de satin noir et des bas de soie complétaient le costume un peu suranné de ce personnage.