Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pas autre chose… Monsieur le docteur… j’ai huit millions de fortune en biens-fonds.

— Fort bien… Monsieur… après ?

— Je suis veuf, Monsieur le docteur, et je n’ai qu’une fille de dix-huit ans que j’adore…

— Permettez… Monsieur, pourquoi ces confidences ?

— Monsieur le docteur… ma fille est charmante… soit dit sans aveuglement paternel, et, de plus, elle a été élevée comme doit l’être une excessivement riche héritière…

— Mon fils aime votre fille, Monsieur ? Est-ce cela ?

— Je l’espère, Monsieur le docteur, car je crois que ma fille a trouvé M. votre fils fort à son goût durant le séjour qu’il a fait chez moi. Elle ne m’a fait à ce sujet aucune confidence… mais vous savez… un père qui idolâtre sa fille est clairvoyant… Enfin, Monsieur, pour parler net, je donne à ma fille en se mariant une terre évaluée cinq millions et qui rapporte cent vingt-quatre mille livres de rentes en bons fermages notariés… payés rubis sur l’ongle. Le reste de ma fortune appartiendrait à nos enfants… après ma mort ; vous le voyez, je m’exécute paternellement… je vais rondement en affaires. J’espère qu’à votre tour, vous m’imiterez, Monsieur le docteur, car le bruit public, et s’il faut vous le dire, les informations que j’ai prises, vous attribuent une fortune au moins égale à la mienne…

Après un moment de silence, mon maître reprit :

— Un mot d’abord, Monsieur ; je ne crois pas que mon fils soit instruit de votre démarche ?… car il m’en eût parlé.